Lecture du mois

Dans cette rubrique figurent des citations extraites de livres qui traitent de sujets ayant un rapport direct ou indirect avec la culture et la spiritualité rosicruciennes. Nous vous invitons, chaque mois, à en faire un support de réflexion et de méditation.

Plaidoyer pour une écologie spirituelle

Serge Toussaint

Pleine nature

Ce mois-ci, nous vous proposons de lire un extrait du livre « Plaidoyer pour une écologie spirituelle », publié par Diffusion Rosicrucienne. Il a été écrit par Serge Toussaint, Grand Maître de la Juridiction de langue française de l’A.M.O.R.C.

«Rappelons-nous que la Terre ne nous appartient pas, qu’elle est mise à notre disposition le temps de nos vies, et qu’elle est le plus précieux des patrimoines que nous puissions transmettre aux générations futures».

Dire que la Terre ne nous appartient pas semble évident. Pourtant, il faut bien reconnaître que nombre d’individus, notamment à travers ce que l’on appelle communément les «multinationales », en particulier celles qui exploitent les ressources naturelles de notre planète, se comportent comme s’ils en étaient les propriétaires. Cela rappelle ce que Jean-Jacques Rousseau déclara sur la naissance du droit à la propriété : « Le premier qui, ayant enclos un terrain, s’avisa de dire “ceci est à moi”, et trouva des gens simples pour le croire, fut le vrai fondateur de la société civile. Que de crimes, de guerres, de meurtres, que de misères et d’horreurs n’eût point épargnés au genre humain celui qui, arrachant les pieux ou comblant un fossé, eût crié à ses semblables : “Gardez-vous d’écouter cet imposteur ; vous êtes perdus si vous oubliez que les fruits sont à tous et que la terre n’est à personne” ». Effectivement, la nature ne vend rien, de sorte que dans l’absolu, personne n’a pu lui acheter quoi que ce soit. C’est là un droit que les hommes se sont accordés arbitrairement, en application de cette maxime bien connue : « La loi du plus fort est toujours la meilleure ».

D’année en année, de décennie en décennie, de siècle en siècle, les êtres humains ont acheté des espaces naturels qu’ils exploitent quasiment comme bon leur semble : des prairies, des forêts, des zones maritimes, des déserts, des montagnes, etc. Trop souvent, cette exploitation se fait au détriment de la nature et n’a d’autre but que d’en retirer un maximum de profits financiers. Dans ce domaine, l’exemple le plus marquant reste probablement le décimage des forêts tropicales et équatoriales, lesquelles, comme je l’ai déjà rappelé́ dans l’un des points de ce « plaidoyer », disparaissent à raison d’un terrain de football toutes les dix secondes. Lorsque l’on sait qu’elles génèrent à elles seules 70 % de l’oxygène contenu dans l’atmosphère, on ne peut qu’être inquiet. Malheureusement, au nom du droit à la propriété et en l’absence de décisions politiques coercitives, les multinationales concernées poursuivent ce pillage à un rythme effréné. Que dire également de la pêche intensive, et même excessive, avec sa destruction systématique des fonds marins ?

Indépendamment de toute idéologie politique, il me semble évident que le droit à la propriété devient destructeur lorsqu’il donne à ceux qui le détiennent le pouvoir de monopoliser les ressources naturelles ou de les exploiter comme ils le souhaitent, sans prendre en considération la sauvegarde de l’environnement et de l’humanité elle-même. De mon point de vue, les lois ne sont pas suffisamment restrictives dans ce domaine et sont trop aisément contournables. Face à la cupidité, à l’avidité et à l’inconscience, il faudrait des législations nationale et internationale conçues dans le but de privilégier le devoir de respecter la nature, plutôt que le droit de l’exploiter. Malheureusement, le monde est encore à ce point divisé que les gouvernements sont incapables de s’entendre sur une question pourtant aussi cruciale. La plupart, sinon tous, sont obnubilés par l’économie et la “croissance”. Naturellement, il est légitime de se préoccuper du bien-être matériel des peuples, mais qu’en sera-t-il si notre planète devient un jour invivable ?

Dans ce point du « plaidoyer », il est dit également que « la Terre est mise à notre disposition le temps de nos vies ». La question que l’on peut se poser est de savoir par qui ? En premier lieu, par la Vie elle-même, telle qu’elle a évolué sur notre planète depuis son apparition il y a environ 4 milliards d’années, et dont tout être humain est une expression individuelle. En second lieu, par l’Intelligence divine, qui utilise notre planète (et d’autres dans l’univers) pour permettre à l’Âme universelle de s’exprimer et d’évoluer graduellement vers la prise de conscience de sa perfection latente. Et nous, êtres humains, participons individuellement et collectivement à ce Grand Œuvre, ce qui donne à notre existence une dimension transcendantale. Il en est de même de la nature, à travers les règnes minéral, végétal et animal. En effet, au-delà de sa diversité et des aspects biologiques de ses écosystèmes, elle participe également à l’évolution de la Conscience. La Terre n’est donc pas une planète ordinaire ; elle joue un rôle que l’on peut qualifier de « métaphysique ».

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